mercredi 28 février 2007

Voilà, c'est fini.
Papa, le corps de papa, est "enterré". En fait, emmuré dans quatre dalles verticales de béton. Beaucoup de monde à l'enterrement. Beaucoup de fleurs. Beaucoup de pleurs. Les énormes cierges de chaque côté du cercueil dont ceux allumés par Romane. (merci ma puce...)
Les drapeaux des anciens combattants d'Algérie, un peu pathétiques.
Les collègues de Ferro. Ceux de la CGC. Les amis d'Eclaron. Les cousins venus parfois de loin et parmi eux, certains que je ne connaissais pas.
Mes amis aussi. Olivier, Dominique, Isabelle, Fred (les deux), Patrick, Sylvie, Nicole... et tous ceux que j'oublie ou que je n'ai pas vu.
Mme Reygner, ma patronne.
Je les remercie tous ici.
Un merci spécial à Nelly, notre cousine, pour son interprétation de l'Ave Maria au violon.
J'ai appris plus tard que son mari, Stéphane, est venu lui aussi jouer pour papa quand il était encore au funérarium.
C'est un superbe geste, j'aurais aimé être là.

Alain, notre frère, était là aussi. C'est bien.

mardi 27 février 2007

"J'arrive, bien sûr j'arrive,
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîné mes os
Jusqu'au soleil, jusqu'à l'été,
Jusqu'au printemps, jusqu'à demain...
J'arrive bien sûr, j'arrive,
Mais pourquoi moi, pourquoi maintenant,
Pourquoi déjà et ... où aller
J'arrive, bien sûr j'arrive
Mais ai-je jamais rien fait d'autre
Que d'arriver"
Jacques BREL

lundi 26 février 2007


Agnès a lu ce message pendant la messe. Elle m'a vraiment étonné, il fallait beaucoup de courage pour le faire.

A NOTRE PERE
Mon papa,
Aujourd'hui je ne chanterais pas la Madelon et pourtant toute la famille est là.
Notre chanson fétiche que tu m'avais apprise lorsque j'étais petite, afin de la chanter en toute occasion. Tout le monde reprenait en coeur... Nous sommes tous là et pourtant, c'est pour te dire "au revoir", car aujourd'hui notre douleur est profonde, nous t'accompagnons pour ton dernier voyage et c'est un vrai supplice.
Comment exprimer nos sentiments ?
Comment crier notre amour pour toi ?
Comment nous montrer dignes de ce que tu nous a enseigné, des principes d'humanité, de rigueur et de respect que tu nous a transmis ?
Nous n'avons pas toujours respecté ce que tu souhaitais que l'on fasse.
Mais tu as toujours été là pour nous quelle que soit l'épreuve que nous traversions.
Maintenant, c'est à notre tour d'être là pour te soutenir et t'aimer au delà de la séparation physique qui nous déchire en ce moment douloureux.
Tu resteras pour nous cet homme magnifique et généreux, pour touours le meilleur des pères.
Alors, Adieu papa, nous t'aimons tous et cela ne disparaîtra pas.

dimanche 25 février 2007

J'ai collecté quelques photos de Papa : http://francis.vautrot.free.fr/Papa/thumb.html
D'autres seraient les bienvenues. L'adresse mail est dans le profil ci-contre ou à francis.vautrot@laposte.net
Je ne suis pas croyant. Pas plus que papa ne l'était.
Mais je comprends les motivations des proches pour que, malgré tout, son enterrement soit précédé d'une bénédiction religieuse. C'est un rite socialisé sûrement essentiel à maman, à ses soeurs, à certains de ses enfants, qui les aidera à faire leur deuil. De surcroît, s'ils peuvent penser que quelque part, papa joue aux tarots avec ses copains partis avant lui ...Avec Mado par exemple. Ce serait bien, hein ?
Mais voilà, rien ne m'autorise à penser ça.
Alors, il va falloir que je pense à lui autrement. Valentin a raison, il faut bien essayer de trouver un sens à tout ça. Alors voilà, P'pa, on va te rendre un peu immortel quand même, comme je te le disais il y a quelques jours. C'est dans nos coeurs, profondément, qu'est ta dernière demeure. Nos pensées, notre raison, nos sentiments pour toi, quoi de plus immatériel ? C'est là que tu continueras à vivre. Mais comme c'est vachement dur, j'te fais un petit mausolée ici, pour nous(m') aider à se rappeler de toi, de ce que tu as été, et donc ce que tu resteras à jamais pour nous.
Tu vois, c'est idiot, je te parle comme si...

samedi 24 février 2007


24 février
Le journée d'hier a été éprouvante. Pas moyen d'écrire quoi que ce soit. Papa est au funérarium, tranquille et serein. Je n'arrive pas à croire qu'il est parti.
Je voulais écrire un mot sur le livre d'or comme Thierry. Finalement, je laisse ça aux amis de la famille.
J'écrirais ici.
A mon père, cet homme hors norme, têtu et généreux, gueulard et magnifique, entêté et aimant, ce formidable être humain à qui nous devons tellement. Tchao P'pa. Tu as eté le meilleur des péres.

vendredi 23 février 2007

22 février 2007
Mon père est mort.
J'ai 10 ans et mon père, il est mort.
J'ai mal. Je pleure.
21 février 2007
Mon père se meurt.
Ce soir, je suis allé le voir à l'hôpital où il agonise lentement.
Le 12 janvier dernier, il s'est effondré pour ne plus jamais se relever. Il s'est traîné jusqu'à son lit, criant, hurlant sans doute sa terreur, alors que déjà sa voix ne lui obéissait plus. Un AVC disent-ils. Accident Vasculaire Cérébral. AVC... drôle de nom pour désigner cette chose qui allait m'enlever mon père par petits bouts...Aujourd'hui, son côté droit est totalement et irréversiblement paralysé, il ne peut plus parler, le réflexe de déglutition ne se fait plus et il s'asphyxie lentement avec sa propre salive. Le dioxyde de carbone de plus en plus mal évacué emplit son organisme de ses miasmes étouffants.
Il est là, toujours dans la même position, bouche ouverte, cherchant les dernières molécules d'oxygène. Son oeil droit reste très légèrement ouvert, donnant l'impression de regarder obstinément, constamment, le visiteur inquiet.
L'arrivée dans cette chambre n°6 est ritualisée, la double blouse, les gants de latex une fois sur deux trop petits pour moi, salut P'pa, le bisou sur le front, les yeux dans ses yeux, la main qui caresse le front et les cheveux du vieil homme. Peut-être qu'il sait que je suis là, peut-être pas. Peut-être qu'il m'entend, peut-être pas. Alors je lui parle, je fais les questions et les réponses, jusqu'à ce que le visage si fier de cet homme qui fut pour moi plus qu'un père, ce visage si beau avec ses fines rides, ses sourcils broussailleux me bouleverse, me tenaille, me fasse chialer comme le gosse que je reste devant ce mythe absolue de la force paternelle.
C'est bien toi P'pa, par delà ta souffrance, par delà la mort déjà présente, tu es là, évoquant en moi mille sentiments, mille mots, mille remords, mille manières de penser à toi. Curieusement, je n'évoque pas une scène particulière, mais une émotion, un sentiment de fierté, une façon de te considérer, une ambiance dans nos discussions si souvent échevelées.
J't'aime P'pa. Tu le sais je te l'ai dit ce soir. Même si tu es vaincu bientôt, même si le combat s'arrête là, j't'aime ; ça te rend immortel ça, non ?