mardi 20 mars 2007
Je relis ce blog... Et la douleur remonte.
La vie, terriblement autoritaire, totalement implacable, nous entraîne dans son tourbillon, travail, enfants, réunions, loisirs... Et toi, papa, quelque part, nulle part, toi et ton souvenir qui s'efface devant tant d'effervescence.
Et qui resurgit brutalement, violemment quand je revois ces photos, quand je relis ce que j'ai écrit -quand ? - il y a si longtemps déjà - en pleurant.
Un voile de souffrance s'interpose alors, qui disparaîtra bientôt, inévitablement, parce que demain arrive, qu'il est impitoyable, qu'il achève sans pitié le souvenir et le recueillement d'un soir.
Je n'ai pas remercié mes amis, mon frère pour leurs commentaires ici-même. Ils auront compris à quel point ça me touche. Quand au p'tit frère, que j'aime profondément, j'essaie de tout coeur de partager avec lui, et à distance, ces moments de tristesse.
La vie, terriblement autoritaire, totalement implacable, nous entraîne dans son tourbillon, travail, enfants, réunions, loisirs... Et toi, papa, quelque part, nulle part, toi et ton souvenir qui s'efface devant tant d'effervescence.
Et qui resurgit brutalement, violemment quand je revois ces photos, quand je relis ce que j'ai écrit -quand ? - il y a si longtemps déjà - en pleurant.
Un voile de souffrance s'interpose alors, qui disparaîtra bientôt, inévitablement, parce que demain arrive, qu'il est impitoyable, qu'il achève sans pitié le souvenir et le recueillement d'un soir.
Je n'ai pas remercié mes amis, mon frère pour leurs commentaires ici-même. Ils auront compris à quel point ça me touche. Quand au p'tit frère, que j'aime profondément, j'essaie de tout coeur de partager avec lui, et à distance, ces moments de tristesse.
dimanche 11 mars 2007
Louis Parisel, un poète, un ami, un collègue, a écrit ceci :
Mon père
Aujourd'hui je me suis promené
dans la forêt
dans ta forêt
Il faisait beau
il faisait chaud
.
J'aurais aimé que tu sois là
encore une fois
te voir marcher
juste devant moi
Mon fils dans ta main
ma fille sur ton coeur
.
J'ai peur
J'ai peur d'être trop petit
pour les conduire
sur ton chemin
pour construire
leur lendemain
.
Si tu n'avais pas été mon père
tu aurais été mon frère
mon copain
Je t'aurais sûrement rencontré
Je t'aurais forcément aimé
Et comme tu étais mon père
tu es devenu mon copain
mon frère
pour l'éternité
Puis-je ajouter à cela quelque chose qui ne soit pas superflu ? A part merci, Louis ...
samedi 10 mars 2007
Une semaine sans rien dire... Le temps reprend son cours...
Beaucoup de paperasses à remplir pour aider maman. Ta carte d'identité, ta carte des anciens combattants retrouvées : petites douleurs. Du vague à l'âme, de la mélancolie et parfois, forte, remuante, une bouffée de tristesse.
Des essuies-glaces qui crissent en dévoilant la maison, ta maison, où il n'y a plus moyen de te trouver.
Des chansons de Brassens, des extraits qui t'évoquent
"Et que le grand manitou,
Pour qui le mot n'est rien du tout,
Accepte en sa Jérusalem,
A l'heure blème..."
Mais l'impression étrange, parfois, d'une vraie et profonde sérénité. Quelque chose comme la dernière scène de star wars où les fantômes (?) des héros défunts contemplent en souriant la fin heureuse de l'histoire. J'ai cette sensation parfois de ton ombre géante et protectrice derrière moi. Je continue un chemin que tu as toi même continué.
Je ne suis pas le seul, Agnès a fait un blog aussi, pour ta mémoire, pour écrire sa douleur...
Beaucoup de paperasses à remplir pour aider maman. Ta carte d'identité, ta carte des anciens combattants retrouvées : petites douleurs. Du vague à l'âme, de la mélancolie et parfois, forte, remuante, une bouffée de tristesse.
Des essuies-glaces qui crissent en dévoilant la maison, ta maison, où il n'y a plus moyen de te trouver.
Des chansons de Brassens, des extraits qui t'évoquent
"Et que le grand manitou,
Pour qui le mot n'est rien du tout,
Accepte en sa Jérusalem,
A l'heure blème..."
Mais l'impression étrange, parfois, d'une vraie et profonde sérénité. Quelque chose comme la dernière scène de star wars où les fantômes (?) des héros défunts contemplent en souriant la fin heureuse de l'histoire. J'ai cette sensation parfois de ton ombre géante et protectrice derrière moi. Je continue un chemin que tu as toi même continué.
Je ne suis pas le seul, Agnès a fait un blog aussi, pour ta mémoire, pour écrire sa douleur...
dimanche 4 mars 2007
Je suis désolé de te dire ça, mais il y a certaines photos où tu ne te ressembles pas. Par exemple, celle-ci, où tu fumes une gauloise sans filtre devant une bouteille de champagne (!) Tu es probablement avec des gens de chez Ferro.
Ta coiffure est trop vilaine, le "pento" devait être de mauvaise qualité. Il y a d'ailleurs une autre photo qui ne me plaît pas trop : celle du mariage de Michèle et Mado, à peu près d'ailleurs à la même époque. Il faudra que je la récupère...
Ta coiffure est trop vilaine, le "pento" devait être de mauvaise qualité. Il y a d'ailleurs une autre photo qui ne me plaît pas trop : celle du mariage de Michèle et Mado, à peu près d'ailleurs à la même époque. Il faudra que je la récupère...
J'ai remis quelques photos sur le site, photos que maman a triées à ma demande. L'une d'entre elles, celle où tu es si jeune, comportait un message au dos : "Mes plus doux baisers à ma petite Bernadette, ma petite chérie". Laisse-moi imaginer l'histoire de ce cliché : tu as 20 ans à peine, tu es amoureux de celle qui deviendra notre mère, et tu lui écris ce petit mot un peu niais au dos d'une photo d'identité. Où es-tu à ce moment-là ? A l'évidence tu ne vis pas encore avec maman. Vas-tu partir pour ton service militaire ? Es-tu encore chez tes parents, t'impatientant de revoir ta bien-aimée ? Tu me pardonneras si tout ça est un peu confus pour moi, je dois me rappeler les discussions que nous avons eu, ou faire appel aux souvenirs de maman, qui ne sont d'ailleurs plus aussi précis. Par exemple, combien de temps es-tu parti en Algérie ?
jeudi 1 mars 2007
Je suis allé sur ta tombe aujourd'hui, Papa. Je n'étais pas loin, je devais récupérer les cartes de remerciements dans une boutique près du cimetière. Alors, une petite visite s'imposait. Le ciel était filandreux, bas et pesant, j'ai dû me protéger des bourrasques de pluie avec cette ridicule capuche qui me bouche toute vue latérale. Du coup, j'ai hésité devant la dernière allée. Où étais-tu ?
Je me suis guidé sur les taches colorées des innombrables fleurs qui ornent encore ta tombe. J'ai imaginé que, quand elles auront toutes disparues, le cycle de ta souffrance sera définitivement achevé.
Devant ta "dernière demeure", pour la première fois de ma vie, je me suis recueilli. Oh, bien sur, je peux évoquer certains moments où j'ai eu l'impression de me recueillir. Aujourd'hui, tu t"en doutes, c'était différent.
Je t'imaginais sous ces dalles de béton, enfouies sous ces myriades de bouquets déjà défraîchis.
J'ai trouvé qu'il faisait froid. L'idée m'a effleuré que toi aussi, peut-être, tu avais froid. Pourquoi une telle idée ?
Ces derniers jours ont été moins tristes, un peu mous presque. La vie reprend ses droits. J'imagine que tu aurais souhaité qu'il en soit ainsi.
J'aime bien te parler ici... Enfin, te parler. T'écrire ici. Depuis que j'ai appris l'inéluctable, ça m'a aidé. Des gens que j'aime beaucoup ont essayé de nous dire les mots qui apaisent ; mais je crois que ces mots dans ces moments-là sont le plus souvent inutiles. Ceux qu'on écrit soi-même sont, je crois, plus forts. Ils sont tout aussi vains et un peu pathétiques, peut-être, sans doute ridicules, mais j'aime cette idée du pouvoir de l'écrit, de sa "transcendance" à défaut de la foi. Qui me dit après tout que les morts ne lisent pas ?
La photo d'aujourd'hui est due à ta petite fille Céline. C'est une très belle photo, que je trouve réconfortante. Elle évoque vraiment ce que tu étais quand la famille se retrouvait : gouailleur, joyeux, réjoui, farceur parfois... Pardonne-moi, j'ai encore un peu de mal à me dire que plus jamais...
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