mardi 20 mars 2007

Je relis ce blog... Et la douleur remonte.
La vie, terriblement autoritaire, totalement implacable, nous entraîne dans son tourbillon, travail, enfants, réunions, loisirs... Et toi, papa, quelque part, nulle part, toi et ton souvenir qui s'efface devant tant d'effervescence.
Et qui resurgit brutalement, violemment quand je revois ces photos, quand je relis ce que j'ai écrit -quand ? - il y a si longtemps déjà - en pleurant.
Un voile de souffrance s'interpose alors, qui disparaîtra bientôt, inévitablement, parce que demain arrive, qu'il est impitoyable, qu'il achève sans pitié le souvenir et le recueillement d'un soir.

Je n'ai pas remercié mes amis, mon frère pour leurs commentaires ici-même. Ils auront compris à quel point ça me touche. Quand au p'tit frère, que j'aime profondément, j'essaie de tout coeur de partager avec lui, et à distance, ces moments de tristesse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le p'tit frère est et reste toujours avec toi, même s'il est loin. Et il partage le même sentiment d'amour fraternel pour toi.

Anonyme a dit…

La lune est un fruit
une orange sucrée

J’aime sucer ses lèvres
et savourer sa sève
douce source
comme un soleil

La lune est un fruit
un fruit rouge

île sanguine
vaisseau de mes rêves bleus
rives de mes sens

1
Dans le ciel
nuit noire
la lune est un fruit
lune sourire

J’aime la caresser
La lune est une source
sève rousse
Elle rêve ensoleillée
Elle glisse sur mes lèvres sucrées
caresse fruitée
La lune est un fruit
ses lèvres sont sucrées
sucre et sève
comme le sang
2
La lune est une fleur
ma préférée
Elle ne tient pas en place
En vérité
j’ignore son vrai nom

Quand je la cherche
elle remonte mes radicelles
celles qui puisent dans mon cœur

La lune blonde brune se parfume
Elle pousse dans mon tronc

C’est la fleur de tous les troncs

3
C’est la bulle de mon niveau

Le matin océan je la guette
dans sa petite tenue

Princesse africaine
courbée
qui enfante un été
une fleur sur la peau

un visage dans les yeux




4
Il est déjà midi
et je l’appelle bouton d’or
messager des étoiles
Elle distribue l’espace
articule les notes du monde
du sol au soleil
la musique est là
dans le silence
écho de la nuit
Il est déjà demain
et la lune a disparu
Il monte dans sa tige
Un bourgeon sans couleur

C’est le bouton de patience
5
La lune et moi
c’est tout juste l’instant

Quand sur ma chair elle gambade
elle cherche mon ombre
et elle se perd

Nous nous perdons
pour être ensemble






6
Il est déjà minuit
et je l’appelle boucle d’or

Elle dessine sur le sable
une branche pour l’oiseau
puis elle se laisse descendre
tout doucement
au cœur de mes racines
C’est un rêve qui s’endort
comme une vibration printanière
une graine de liberté
la rosée de l’espoir
l’enfant et l’aurore réveillés
la muse et le poète ensemble éveillés

7
Au-dessus de tout
il n’y a rien
et pourtant elle s’y intéresse
Je la regarde
creuser le vide
l’œil dans les ténèbres

Elle est silencieuse
étrangère à la réalité






8
Elle grave et sépare

Elle réunit les espaces
pénètre la chair

L’éruption est retenue
à l’intérieur de la forme

discrète






9
Son geste est primaire
Elle caresse le miroir
Elle cherche la forme primitive
le corps en mouvement

Elle place l’empreinte
déchire le temps
le tout le rien

Elle renaît de la terre et du soleil

et renie le néant



10
Que la lune soit une fleur ou un fruit
elle est avant tout
ce qu’elle est pour moi et elle luit

Elle est différente pour l’autre

Essence et renaissance
au cœur de l’obscurité







11
Elle dépose la sève
et le sang de mon œuvre

Elle coule
résurgence de ma propre vie

Elle parcourt le chemin
retrouve mon ombre
et se perd à nouveau






12
Elle démêle en souriant
le fil de mon existence

Elle est douce

secrète et bienveillante

On la dit d’ailleurs
et pourtant elle est près du corps

Son souffle est brûlant




13
Elle aime les passages secrets

et marche nue en pleine conscience

Elle connaît ses montagnes

et le silence intérieur








14
Elle me dit que la vue
d’un sommet est magnifique
que mon regard éclaire ses yeux
et que le vertige lui rappelle
qu’elle a un corps
mais surtout
qu’elle a pris du plaisir
à gravir une roche imaginaire
rugueuse et douce à la fois


La réalité de la réalité
La chair dans un corps primitif
source de sa création

15
Elle s’est endormie
dans le cœur de tous les enfants
qui ont cru bien faire en grandissant

Elle garde le silence de leurs souvenirs
et vibre

Elle chuchote
d’une petite voix oubliée de tous






16
Je l’écoute

Elle parle toute seule
et se retrouve

Qui es-tu

L’adulte
qui se croit accompli
se retourne au fond de lui-même

Il s’aperçoit affolé

qu’il a oublié l’enfant sur le chemin

17
Alors il demande aux témoins
aux arbres aux papillons
à l’eau qui ne reviendra plus

Il se perd dans l’atelier de ses souvenirs
parmi les photos et les mots gravés

Il s’approche dépoussière
et soudain
surgi du passé
les sens comme un présent
l’enfant qu’il était
le reconnaît


18
Le rêve la protège
pour la nuit
Au matin elle se réveille et s’allume
Elle grave au présent le passé et le futur
Elle écrit ce qu’elle est
et libère ce qu’il lui reste
en mouvement
les couleurs dans les yeux
le trait noir en plein cœur
elle pleure
maquillage pudique et intemporel
L’eau de la rivière est fraîche
Dans les roseaux
une silhouette se désaltère
Sa soif se rafraîchit
19
Dans une fragilité translucide
sous le lit de la rivière
les ombres se dessinent

Elle leur parle tout-bas

Elle découvre la parole imaginaire
celle qui se faufile
et serpente spirituellement
à la recherche du soleil

Le voyage prend sa main



20
Elle ramasse sur le chemin
les couleurs des fleurs
et la pénombre se brûle les doigts
Un sourire rouge charnel
éclaire ses lèvres
L’enfant de son enfance respire

Sa tendresse est langoureuse
ses caresses délicates
Sur le sable humide
ses lignes dessinent
des touches charnelles
et voluptueuses
dans l’invisible

21
Sur le souffle du vent
elle s’endort
Une écume de coton
l’enveloppe

Les rochers s’embrasent
et le soleil se lève
La lune veille sanguine
dans le cœur des enfants
Leurs rêves sont sucrés
Une princesse africaine
poitrine dressée
respire

Elle se tient debout
22
Demain ma main retrouvera le chemin

Mon cœur s’apaisera
comme le volcan
éveillé et bouillonnant

La lune est un fruit

Sa lave comme une langue
lècheront mes blessures


Jouissance dans l’absolu


23
Ses grands yeux s’éveilleront
dans le bleu de la nuit
et ses lèvres

une nouvelle fois
chuchoteront
la passion
et la tendresse

Celle qui pénètre
celle qui transpire
au plus profond de ma chair
comme un acte d’amour
en transparence

24













Danses avec la lune


Louis Parisel


20 mars 2007

©

Francis,
je t'envoie un texte inédit que j'ai écrit pour mon père ; près des étoiles et dans la lune...

Une histoire d'amour entre pères et fils.
Des souvenirs d'enfance.

La lune est un fruit, un fruit sucré... comme une caresse...

Je te confie ce texte, intime...

Louis